The Handmaid's Tale
The Handmaid's Tale : La Servante écarlate
Dans une dictature où la stérilité a frappé les femmes, ces dernières sont divisées en trois catégories : les Épouses, qui dominent la maison, les Marthas, qui l'entretiennent, et les Servantes, dont le rôle est la reproduction.
En cours | Américaine, CA, US | 50 minutes |
Drame, Science-Fiction, Drama, Science-Fiction & Fantastique | Hulu | 2017 |
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5.02 - Le ballet
Ballet
June s'efforce de refaire sa vie à Toronto. Serena organise une cérémonie commémorative raffinée. Tante Lydia et Janine préparent Esther pour sa première affectation en tant que servante.
Diffusion originale : 14 septembre 2022
Diffusion française :
14 septembre 2022
Réalisat.eur.rice.s :
Elisabeth Moss
Scénariste.s :
Guest.s :
Tous les avis
Avis favorable | Déposé le 17 septembre 2022 à 04:23 |
Depuis que June est au Canada, l'élément le plus perturbant et le plus difficile est celui des rapports de pouvoir entre les deux nations. Dans les premières saisons, on est avec June en tant que Servante et oui, c'est l'horreur absolue mais il y a comme cet espoir de liberté, de rébellion, parce qu'on ne voit pas plus loin que sa situation. Ici, en revanche, on voit comment la politique s'organise et comment ceux au pouvoir (Canada comme Gilead) interragissent, communiquent, collaborent même, pour maintenir un état de paix qui ne profite en rien aux opprimées. Tout ce qui est concerne Serena me fait donc serrer les dents (très fort) parce que c'est vraiment le point le plus difficile à accepter pour moi. De voir que cette femme (de pouvoir bien sûr), faite prisonnière, est autorisée à prendre un jet privé (c'est pas comme si le monde était parti en fumée) pour revenir dans son pays et organiser des funérailles internationales pour un homme dont le monde entier sait qu'il était un fumier, ça me débecte. C'est fait exprès, je le sais, mais c'est dur. Parce que l'on voit à quel point le pouvoir produit, en plus de réprimer. Les gens regardent ce qu'on leur donne à regarder. Et si les funérailles de Fred sont sur les écrans du monde entier, c'est que le monde entier l'a choisi, ça va donc bien au-delà de la diplomatie. La résistance n'est pas belle et d'ailleurs, parfois il n'y en a même pas. Les seules qu'on oublie, ce sont celles qui sont en bas, à se faire violer pour enfanter (ça reste d'ailleurs la seule belle résistance de la série). La fin est ignoble, Serena est ignoble, mais il y a quelque chose de très puissant (de presque beau, du coup) à cette dernière scène. Serena qui regarde June au travers d'un écran prouve que la seule relation de pouvoir qui compte dans cette série, c'est celle-ci. Depuis l'épisode premier et jusqu'à la fin, ce sera June contre Serena. L'opprimée contre sa sœur oppresseure. Elles se connaissent par cœur et si l'on sait que Serena n'est jamais désintéressée (pleure-t-elle seulement son mari ?), on ne s'attend pas à ce qu'elle soit obsédée par June — en tout cas pas au point de June obsédée par elle. Les funérailles sont effectivement un coup commercial pour Gilead et elles permettent à Serena de maintenir la face, mais qu'elle fasse ça juste pour menacer June ? Damn, c'est le début de la fin. Après un premier épisode hyper intense du côté de chez June, j'ai apprécié ses scènes ici. La série fait souvent ça, d'ailleurs, mais j'aime ces retours au calme, ces moments particulièrement humains où l'on voit June pour ce qu'elle est : une femme traumatisée qui ne sait pas quoi faire de sa douleur (sauf quand son bourreau la menace en utilisant sa fille of course) et qui essaie, à coup de quelques minutes par ci par là, de reprendre une vie à peu près normale. La douleur. C'est ce qui ressort chez June ici, et peut-être que j'ai aimé ces moments car ils prouvent qu'elle est encore humaine. Enfin, du côté de Gilead, ça s'organise doucement. Joseph, être toujours aussi ambigü, continue son double-rôle, tout comme Nick qui lui essaie vraiment de survivre. Tuello a un peu le même rôle, mais de l'autre côté, à devoir être diplomate en tout temps et à toute heure alors que soyons honnêtes, il a constamment envie de vomir (je sais que ce serait mon cas, c'est pour cela que je ne serai jamais diplomate). Janine a accepté son sort mais n'est plus dans l'endoctrinement complet, ce qui la place au rang de survivante (comme Nick), tandis qu'Esther n'arrive pas à s'y résoudre. Je suis assez surprise de ce qui se passe pour elles deux d'ailleurs... Sinon, Aunt Lydia, toujours la forme ! Bref, cette introduction en deux parties m'a bien plu même si elle aborde vraiment autre chose, à savoir les rapports de force politiques et plus intimes, et puis cette confrontation inévitable entre deux femmes ennemies malgré elles dont la relation constitue au final le cœur de la série. |
Je commence à soufler sur l’intrigue “June essaye de se détacher de Serena, mais n’y arrive pas, mais en fait oui, mais en fait non…”. Je comprends l’idée de montrer une June qui devient produit de la société qu’elle déteste, souhaitant la torture à ses ennemies, mais je la trouve bien souvent dans le même registre notamment face à Rita ou Moira, tandis que le point de vue de ces dernières est souvent passé sous silence. Je pense que tout a été dit de ce côté-là.
L’avantage, c’est que l’épisode apporte (enfin) la preuve finale que la guerre Serena-June, ça ne peut finir qu’avec une (ou deux) tombes creusées, pas moins. On est donc reparti pour une ultime round : un round politique, sous le feu des projecteurs, à travers deux pays et deux idéologies différentes. Et une guerre personnelle, où Hannah est utilisée comme moyen de pression. C’est une super fin/scène finale qui apporte de belles perspectives pour la saison 5, dont je commence enfin à dessiner les contours. Ce n’est sûrement pas pour rien si on semble aussi “conclure” (en partie) l’intrigue d’Esther/Janine/Lydia ici. J’imagine qu’elles auront moins d’importance dans la suite de la saison, mais je peux me tromper.
En tout cas au moins durant cet épisode, et très certainement les prochains, c’est le duel June/Serena qui revient sur le devant de la scène. Et ici, plus particulièrement, Serena tout court.
Elle porte l’épisode qui revient presque exclusivement à Gilead et ça fait du bien de retrouver des dialogues incisifs toujours à double-sens caché-pas-si-caché. Le bal des hypocrites est de retour, avec tout le beau monde réuni dans une maison - même Mark Tuello, ce qui est très perturbant, car il doit se plier aux us et coutumes d’un pays qu’il déteste. Cela nous rappelle à quel point Gilead n’est vraiment qu’un… pays de plus comme un autre, dans le fond ?
Bien sûr, la série emprunte tout de même des raccourcis assez agaçants, un peu indignes de sa qualité d’écriture en saison 1 notamment. Par exemple, il est bien pratique que depuis 3 ou 4 épisodes, Gilead ne semble avoir que deux commandants : Nick et Joseph. Ah, sauf quand Serena a besoin de faire un événement national diffusé à l’écran, là, elle rencontre tout de suite le cercle de Commandants qui ne respectent toujours pas vraiment Joseph (ce qui rend d’autant plus douteux la liberté dont il a joui récemment, mais passons).
Idem, je ne vois pas en quoi “je vais menacer de dire aux autres Commandants que vous avez orchestré la mort de Fred” est un bon levier de pression contre Joseph, alors qu’elle ne le supporte par aucune preuve. Joseph n’a véritablement aucune raison de se plier à Serena au début. D’ailleurs, il ne le fait pas, ou seulement quand il devient convaincu de la pertinence de son plan, ce qui était pour le coup bien vu.
Même si l’univers semble, pour la première fois depuis longtemps, ne plus vraiment s’agrandir cette saison, et au contraire se resserrer (plus aucun nouveau personnages au Canada ou à Gilead, plus d’Emily, plus de Fred, etc.), indiquant que le combat final est en route, je trouve les parallèles encore suffisamment forts pour suffire à créer une fin de série, qui revient sur ses bases.
Notamment, le retour assez meta sur la construction du visage faussement amical d’une dictature qui asservi, torture et viole sa population. Cela nous vient tout droit de la saison 3 quand les Waterfords cherchaient à récupérer Nichole.
Désormais, c’est Hannah qui est politisée. L’idée de diffuser cette masquarade qui exploite la mort de Fred (dont Serena n’a vraiment que faire, comme l’actrice est extrêmement douée pour le transmettre d’ailleurs), pour en faire un martyr et dévoiler ainsi des images positives de Gilead, est clairement dans la lignée de la propagande dévoilée par la série dans le premier arc de la saison 3, et je dois dire que cet acte m’avait beaucoup plus.
Pile quand June semblait enfin prête à vivre sa vie, voilà que la réalité brutale lui est balancée à l’écran, avec un échange de regards noirs entre Serena et June même à des dizaines de milliers de kilomètres à distance (ya pas à dire, ils sont forts !).
Cela a toujours été le conte de la servante, ou plutôt des deux servantes : celle d’une maîtresse impitoyable, opposé à celle de Dieu, à savoir Serena elle-même, dont on ne compte plus les foreshadowings à un destin où elle deviendrait une servante à Gilead, ce qui pourrait bien être sa conclusion donnant un autre sens au pitch de l’oeuvre. Mais je m’avance un peu trop vite, sans doute. Reste que, si je déplore comme toujours que les rares moments de bonté de Serena semblent n’être désormais qu’un lointain souvenir que la série n’abordera plus, la lutte Serena/June reste ce qui m’a toujours le plus plu dans la série.
J’espère que ça sera toujours le cas avec plus aucune sympathie pour Serena, et avec de moins en moins d’empathie pour June. C’est peut-être ça, la morale de la série : comment ces personnages sont des victimes parce qu’elles ont été toutes les deux vidées de toute bonté ou miséricorde qui pouvait leur rester.